Un parti ... de ville

Le parti socialiste a consacré ce samedi 6 novembre un des « forums des idées » destinés à préparer son programme électoral pour 2012 à la ville du 21^ème siècle, avec pour thème la « nouvelle société urbaine ».

Destiné aux militants, forum  était néanmoins ouvert aux professionnels, dont un certain nombre participaient d’ailleurs aux trois tables rondes : la ville intense, la ville solidaire et la ville habitée. Il était destiné à divulguer les 41 propositions faites par le parti dans ce domaine. Propositions dont il faut noter qu’elles ont été préparées par un groupe de travail présidé par René VANDIERENDONCK, maire de Roubaix et Frédéric GILLI, directeur de la chaire Ville à Sciences Po Paris. 

De cette journée dense, on peut retenir quelques éléments saillants. D’abord des faits d’évidence mais qu’il faut néanmoins signaler. Evoquant la ville dense, le PS se rallie de façon nette à une approche globale du fait urbain, comme l’a martelé le maire de Toulouse Pierre COHEN. Estimant comme Jean Pierre SUEUR, sénateur du Loiret  que le traitement spécifique des quartiers sensibles a montré ses limites. Ou avec Claude DILAIN, maire de Clichy sous Bois qu’elle supposait un regain de solidarité nationale ou régionale. Ou reliant par ailleurs dans plusieurs propositions la question de l’urbanisation et celle des déplacements. Thierry REPENTIN, sénateur de Savoie souhaitait quant à lui que le PS s’approprie la relance de la construction de logements sociaux, effet direct de l’article 55 de la loi SRU. 

Mais une autre dimension a traversé le forum, celle qui se retrouve dans le propos du maire de Bron, Annie GUILLEMOT, affirmant « qu’il fallait être plus audacieux, car sans nouvelle politique urbaine, c’est le fossé des ségrégations qui s’élargit ». Les propos ont été marqués par la volonté de mettre en œuvre une démarche plus interventionniste.

Le propos de Patrick DOUTRELIGNE, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, a été particulièrement applaudi. Rappelant qu’en 10 ans, les prix de la construction et des loyers avaient grimpé de 100% et les revenus des ménages de 25%, il soulignait qu’il fallait à la fois pallier à l’insuffisance de 800 000 logements et réguler l’augmentation des loyers et du coût du foncier. Il a été relayé dans ce domaine par Thierry REPENTIN, qui faisait remarquer qu’on était passé en un demi-siècle d’une France rurale à une France urbaine, sans changer le mode de régulation de la gestion du sol. Relayant ainsi des propositions plus coercitives en matière de politique foncière. Une « SRU 2 », avec des seuils plus élevés de logements sociaux, des opérations de construction de logements réparties en 3/3 (social, accession, libre), une gestion du logement à l’échelle des bassins de vie) est apparu comme un vœu des participants. Une politique des quartiers recentrée sur 100 quartiers (au lieu de 750 actuellement) a été mise en avant. 

Des propos de circonstance sur le « rapt » de l’Etat auprès des organismes HLM. 

Ce forum a aussi été riche de questions qui font encore débat : la bonne échelle territoriale pour la politique d’urbanisme, entre Thierry REPENTIN  ou Vincent FELTESSE, nouveau président de la FNAU, mettant l’accent sur l’échelle communautaire ou du SCoT, ou Michel DESTOT, plus prudent. La question de la participation des habitants, qui comme lors du congrès de l’Assemblée des communautés de France récemment à Dijon, met de la houle dans les débats. Certes une des propositions met en avant les 4P (participation public-privé-population), mais ceci n’a pas empêché le maire de Val de Rueuil, Marc Antoine JAMET de rappeler de façon enflammée le rôle central de la démocratie représentative. Une grande absente tout au long du forum, l’économie et le rôle des acteurs privés. Comme le faisait remarquer un participant, les grandes agglomérations ont les moyens de peser sur les décisions sur leur territoire, fussent-elles celles de grands groupes, mais les villes moyennes n’ont que peu de choix. D’autres absents : les urbanistes, les trois ateliers étant introduits par des « architectes-urbanistes ». Quel paradoxe, que de voir les urbanistes muets sur la ville !

Mais comme le faisait remarque un des initiateurs, le député de Seine Saint Denis, Daniel GOLDBERG, l’encre des propositions n’est pas encore sèche. Des corrections possibles donc ?

Dominique MUSSLIN