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CE BLOG A JOUE SON ROLE DE RELAIS .... PLACE AUX "NOUVEAUX URBANISTES"

L'urbanisme existe, les urbanistes pas vraiment. Ce blog était destiné à lancer le débat. Nécessaire, essentiel, car si 20 000 urbanistes au moins exercent en France, leur représentation organisée est à peine plus importante que celle de l'île de Malte, dit-on !

Le débat est lancé et désormais le réseau des "nouveaux urbanistes" prend le relais. Vous trouverez sur son nouveau site tous les articles qui visent à faire l'état des lieux, à promouvoir et à mobiliser une profession qui a été bloqué - voire gangrenée - dans son évolution par un combat des "ego" comme aucune autre profession n'en a connu.

Vanité, vanité !

La réflexion et l'action des "nouveaux urbanistes" seront désormais visibles sur son site:


http://nouveauxurbanistes.wordpress.com


Nous vous y attendons.

mardi 21 septembre 2010

La bombe à fragmentation

Dominique MUSSLIN - juin 2010

J’assistais ce début de semaine au séminaire François ASCHER, projet que cet éminent « passeur » avait souhaité voir naître après sa disparition, alors qu’il se savait condamné par la maladie. François ASCHER a certes été le plus vif à remettre en cause le peu de pertinence du rôle de « chef d’orchestre » de l’Urbaniste dans le processus de production. Mais il faut savoir écouter, y compris ses détracteurs.

Le séminaire en question portait sur le rapport entre recherche et action. Ce qui m’a étonné, ce n’est pas tant ce que j’ai entendu et ceux que j’ai pu voir à la tribune – les propos et les intervenants étaient de qualité - mais plutôt ceux que je n’ai ni vu, ni entendu.

Les chercheurs étaient nombreux, et le rôle central que joue désormais le pôle de recherche constitué par le regroupement des laboratoires de l’IFU et de l’IUP, en lien avec ceux de l’ENPC est incontestable. François ASCHER et ses proches, comme Francis GODARD et Alain BOURDIN et bien d’autres ont su construire un pôle attentif aux liens avec l’action en matière de production de la ville. Le monde de la production, essentiellement les aménageurs du club ville – aménagement était très impliqué.

Ce qui m’a donc frappé, ce sont les absents : les urbanistes. Certes, Daniel BEHAR, d’ACADIE et Jean Marc OFFNER, le successeur de Francis CUILLIER, intervenaient le mardi, mais plutôt comme chercheurs impliqués dans le monde de la production. On pourrait certes considérer que les urbanistes sont exclus de l’IFU. Cette proposition me semble absurde, car l’IFU, à sa façon, forme de véritables urbanistes et son positionnement à l’APERAU, s’il est critiqué, n’a jamais été remis en cause. J’ai pu constater que les urbanistes étaient absents de ce débat là. Comme de tant d’autres ajouterais-je… Le Grand Paris, capté par les architectes, le Grenelle animé par d’excellentes associations porteuses des valeurs du développement durable, les éco-quartiers et les éco-villes, nouvelles plate-formes de communication politique.

C’est un peu comme si nous ne nous étions jamais relevé de la bombe à fragmentation qui a progressivement fait éclater notre profession en une myriade de petites cellules professionnelles hyper corporatistes ou régionalistes. Une profession qui compte plusieurs milliers de membres et qui est représentée par une dizaine d’associations concurrentes dont chacune a entre 40 et 144 membres (voir tableau du CFDU AG 2010). Le nombre de fait pas la qualité, certes. Mais la fragmentation non plus.

Les résultats sont là. On parle de l’urbanisme partout. L’urbanisme durable est devenu un enjeu de société. Les urbanistes sont présents dans le projet local. Mais les urbanistes ne sont plus entendus et écoutés au niveau national.

La profession d’urbaniste est devenue une nébuleuse.

Certes, chaque « fragment » de la nébuleuse a de quoi se défendre. Mais s’agit-il bien aujourd’hui encore de se défendre et de continuer à se méfier du « fragment » d’à côté ? Ces conquêtes des années 80, l’OPQU qui peine à qualifier – dont il faut cependant saluer au passage sa prise de conscience récente de la place des 1000 jeunes diplômés chaque année, et le CFDU qui patine devraient nous interpeller.

Il est certes de bon aloi de tenir des propos publics politiquement corrects et de vanter sans cesse la visibilité croissante de la profession. Et de se plaindre en privé de la fragmentation et de l’impuissance… des autres représentations associatives. Je constate que c’est toute la nébuleuse des urbanistes qui est absente du débat public.

Sommes-nous pour autant définitivement condamnés à disparaître de la sphère publique et à réussir dans le seul exercice du «projet local» ?

La réussite d’une démarche, celle du Collectif national des jeunes urbanistes, suscitée par le manque de prise en charge par la profession du devenir des urbanistes dans la fonction publique devrait nous interpeller. En quelques mois, leur positionnement moderne et collectif leur a permis de rassembler, d’énoncer et de porter un propos qui est écouté et entendu. Certes, leur combat est loin d’être gagné et il ne le sera peut-être qu’à l’occasion d’un changement politique national, tant le lobby des ingénieurs TPE a trouvé des relais au sein de la majorité politique actuelle. Mais les 800 jeunes diplômés qui adhèrent au dispositif à la fois national et régional sont bien défendus. Et reconnus par tous les « fragments de la nébuleuse », y compris ceux qui les ignoraient et les regardaient avec condescendance, à la SFU ou ailleurs. Des voix s’élèvent ici et là pour reprocher au CNJU son hyper présence. Ne faudrait-il pas la relativiser et admettre plutôt qu’il est simplement présent et les « fragments de la nébuleuse » sont silencieux.

L’absence des urbanistes dans le débat public, le silence des urbanistes, qui ne sont pourtant ni des agneaux, ni des moutons est devenu insupportable.

Les jeunes diplômés en urbanisme montrent une maturité réelle et se positionnent de façon efficace. Nous devons suivre leur voie et entamer un processus positif de rénovation de notre profession.

Tordons le coup une fois pour toute à ces affirmations qui par ci par là émergent en reprenant une litanie absurde : il ne s’agit pas là de dénigrer l’héritage de l’un ou de l’autre. Ce qui en jeu, ce n’est pas l’héritage et la reconnaissance du travail qui aurait pu être accompli par les uns ou les autres. Ce qui est en jeu, c’est la disparition pure et simple de l’audience des urbanistes. La SFU elle-même voit ses effectifs fondre – moins 10% en 2009. L’audience n’est même plus mesurable, et ce quelque soit les « fragments de la nébuleuse ». Alors que le CNJU a de l’audience, et de plus en plus. Sa voie est la bonne.

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