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CE BLOG A JOUE SON ROLE DE RELAIS .... PLACE AUX "NOUVEAUX URBANISTES"

L'urbanisme existe, les urbanistes pas vraiment. Ce blog était destiné à lancer le débat. Nécessaire, essentiel, car si 20 000 urbanistes au moins exercent en France, leur représentation organisée est à peine plus importante que celle de l'île de Malte, dit-on !

Le débat est lancé et désormais le réseau des "nouveaux urbanistes" prend le relais. Vous trouverez sur son nouveau site tous les articles qui visent à faire l'état des lieux, à promouvoir et à mobiliser une profession qui a été bloqué - voire gangrenée - dans son évolution par un combat des "ego" comme aucune autre profession n'en a connu.

Vanité, vanité !

La réflexion et l'action des "nouveaux urbanistes" seront désormais visibles sur son site:


http://nouveauxurbanistes.wordpress.com


Nous vous y attendons.

mercredi 26 janvier 2011

La SFU a-t-elle un avenir ?


POURQUOI DEBATTRE D’ETHIQUE ET DE STRATEGIE ?
Chaque toute association, la SFU tient son AG annuelle. L’AG 2011 sera l’occasion de désigner un nouveau président, puisque l’actuel ne peut plus se représenter. Un changement de président n’est jamais anecdotique, mais faut-il pour autant limiter le débat interne à cet enjeu ?
La période actuelle, les évolutions significatives du contexte dans lequel baigne notre profession doivent nous incliner à prendre le temps de réfléchir de façon approfondie à notre devenir au-delà du changement de présidence. Trois exemples à l’appui :
Premier exemple : même si on peut penser que le CFDU aura encore des étapes à franchir avant de devenir l’association unique représentative des urbanistes, il convient de s’interroger collectivement sur la stratégie de la SFU face à cette initiative. Peut-on continuer à s’appuyer uniquement sur le rôle historique et l’antériorité de la SFU et ne pas bouger ?
Deuxième exemple : l’enquête du CNJU démontre, chiffres à l’appui, que les jeunes urbanistes trouvent assez facilement un emploi dans la branche, et que les débouchés se trouvent en grande partie dans la fonction publique et dans le secteur parapublic. Peut-on continuer à prendre en compte cette évolution de façon marginale ?
Dernier exemple : la principale action collective de la profession, la mise en place de la qualification, qui a maintenant 13 ans – le texte fondateur a été signé dans les locaux de la SFU en avril 1998 – fait apparaître de réelles divergences de points de vue sur la portée de cette initiative, probablement insuffisante – 400 qualifiés fin 2010 - mais nécessaire. Une ligne de fracture s’est créée entre les tenants d’un malthusianisme certain qui apprécient le nombre d’urbanistes exerçant à guère plus de 2 000 et les réalistes qui estiment  les urbanistes, sur la base d’une estimation des diplômés, à 20 000. La réussite de la qualification ne peut pas être appréhendée de la même manière ! La SFU est-elle malthusienne ou de son temps ?
Le débat qui doit s’instaurer, et qui peine à le faire depuis trois ans, doit pouvoir intégrer ce type de questions. L’alternative est relativement simple : soit la SFU a atteint le degré de maturité pour s’y atteler, soit ces questions émergeront ailleurs. Car lorsqu’une institution ne remplit plus son rôle dans un changement de contexte, une autre naît et s’y substitue. On voit le succès fulgurant, et encore fragile, du CNJU, qui a capté un thème non pris en compte.

Trois axes de réflexion, trois domaines méritent d’être explorés collectivement :
1.       L’évolution de l’éthique[1] de la SFU est devenue vitale,
2.       Le programme d’actions et le mode d’organisation reposent sur une posture de l’urbaniste omniscient dépassée,
3.       Les enjeux d’une refondation doivent prendre en compte le bouleversement dans le mode de faire la ville et les territoires.

1.       FAIRE EVOLUER L’ETHIQUE CENTENAIRE DE LA SFU EST DEVENU VITAL
Ce qui fonde pour une grande part la pertinence d’une société savante, et la SFU s’est constitué avec cette ambition, c’est son éthique qui nous indique « comment les êtres humains doivent se comporter, agir et être, entre eux et envers ce qui les entoure » en matière d’urbanisme. La SFU est dotée d’une éthique centenaire, qui permet d’affirmer que « la marque SFU » reste unique, même si elle est mortelle.
Mais il est légitime, au bout de 100 ans d’existence, d’activer un droit d’inventaire. Droit d’inventaire qui s’impose pour vérifier de façon collective si cette éthique est encore vivante et pertinente. Si elle l’est, le débat sera clos et on aura eu la satisfaction de mieux la faire partager. Si ce n’est pas le cas, la SFU doit prendre le temps de se forger une éthique moderne.
Précisons le pourquoi de ce droit d’inventaire sur deux points :
11. le contexte historique,
12. la situation actuelle.

11.  Un contexte historique moins linéaire qu’il n’y paraît
Une filiation avec « l’urbanisme culturaliste » survalorisée
La SFU se présente comme l’héritière, le pilier de « l’urbanisme culturaliste[2] ». Il s’agit là de façon incontestable d’une vision éthique à la fois pertinente et d’une grande modernité pour l’époque. Pour autant peut-on raisonnablement aujourd’hui continuer à nous reposer sur cette filiation de façon aussi ferme et nette ? Car au fond, en dehors de la démarche humaniste d’Henri SELLIER et des cités jardins entre deux guerres, quelle trace durable « l’urbanisme culturaliste » a-t-il laissé en France ? Aucune ou plutôt seulement une posture contestatrice par rapport aux dégâts du fonctionnalisme, contestation dont on voit quelques faibles expressions durant les années 1970.
En élargissant le spectre, et en cherchant les traces de courants proches au 20ème siècle, on peut trouver un impact du culturalisme à travers l’émergence de pensées humanistes et urbaines proches dans la lignée de la loi de 1948, du mouvement des PACT, voire du club Habitat et Vie Sociale initiateur de l’actuelle politique de la ville. Mais si l’éthique de la SFU fait allusion à l’hygiénisme, elle ne s’est pas réapproprié toutes ces initiatives de l’après guerre. Initiatives qu’elle semble avoir d’autant plus de mal à intégrer qu’il n’est pas certain qu’elle y ait joué un véritable rôle.
La SFU se pose uniquement en héritière du Musée Social et n’a pas su imprimer durablement son éthique depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Depuis les années 1950 et jusqu’aux années 80/90, le propos de Gaston BARDET[3] reste marginalisé et c’est le fonctionnalisme dans sa version la plus froide, celle des CIAM, et non celle du Bauhaus, qui a déferlé sur notre pays, et de façon générale sur la doctrine urbanistique. A cet égard, la référence à la Charte d’Athènes dans le corps de doctrine de la SFU pose réellement problème. Car même si la SFU a tenté de la revisiter à travers la nouvelle Charte d’Athènes[4], l’ancienne correspond à l’antithèse de l’urbanisme culturaliste. Le détournement est ambigu. Au demeurant si la Charte d’Athènes a eu une portée, c’est aussi grâce à une rédaction d’une grande clarté. La nouvelle Charte est loin d’avoir ces qualités là, loin s’en faut.
Une filiation reliée aux seuls architectes-urbanistes
Il est coutumier de faire remonter l’urbanisme et les urbanistes aux architectes. Coutume d’autant plus facile à établir que la SFU était initialement la SFAU[5], Il y a bien entendu une filiation, et les études diverses sur cette évolution professionnelle donne du corps à cette assertion.
Pour autant, considérer que les urbanistes d’aujourd’hui seraient tous des héritiers de cette filiation unique est un contre sens. Car les professionnels actuels de l’urbanisme viennent de bien d’autres filiations. Cette diversité se traduit d’ailleurs dans le dispositif de qualification qui reconnaît la diversité des formations initiales. Diversité qui est le produit de l’histoire, des histoires singulières de pratiques d’urbanisme, plus ou moins reconnues comme telles d’ailleurs : l’aménagement du territoire, dans la lignée de Philippe LAMOUR, l’ingénierie à la suite des ingénieurs des Ponts et Chaussée qui réfléchissent à la planification avec les SDAU et les OREAM, la politique de la ville, née des travaux du groupe Habitat et Vie Sociale, où se côtoient des spécialistes de formations diverses, et pourtant urbanistes, et les agences d’urbanisme enfin qui se construisent depuis 1967 dans l’interdisciplinarité.
Cette hybridation est un atout de notre profession. Elle constitue le corps de doctrine de l’OPQU[6]. Elle explique aussi en partie le foisonnement d’associations spécifiques. Mais elle met à jour un point de faiblesse de la SFU, qui tout en affichant le fait d’être ouverte à tous les modes d’exercice, reste fondamentalement ancrée dans la filiation d’origine, les architectes-urbanistes libéraux et ne prend pas en compte cette hybridation bien spécifique à notre culture professionnelle. En raisonnant par l’absurde, si la SFU avait assumé cette hybridation dans les années 80 et 90, nul besoin ne serait apparu de faire naître une myriade d’associations spécifiques. Une anecdote rapportée par un vétéran : « Charles DELFANTE, ancien président, a dû un jour défendre auprès d’un ministre la présence des urbanistes dans la fonction publique. Mais son rôle de patron d’une agence lyonnaise privée l’avait d’avance discrédité. »

12. Aujourd’hui quelle éthique à la SFU ?
Il y a incontestablement un usage quotidien à la SFU, qui consiste à continuer à témoigner d’une éthique centenaire. On célèbre les travaux de l’entre deux guerres d’Henri SELLIER, homme politique pertinent s’il en fût. Mais à défaut d’avoir été actualisé et innervé par des formes d’expression plus contemporaines de « l’urbanisme culturaliste », le discours d’origine n’évoque plus rien pour les urbanistes d’aujourd’hui et au-delà des urbanistes. Il y a eu rupture entre une éthique solide mais trop ancienne et l’exercice contemporain de l’urbanisme. L’éthique fonctionne à vide.
Il y a certes une reprise de la thématique de l’urbanisme durable qui peut servir de socle éthique moderne. Ce pourrait être une piste intéressante de revitalisation de la doctrine de la SFU, dès lors que l’on suivrait les pas d’un Alberto MAGNAGHI - l’approche territorialiste anthropocentrique  - et qu’on irait au-delà en approfondissant le lien entre développement soutenable et humanisme. Mais ce travail reste à faire et bien au-delà du babillage de la nouvelle Charte d’Athènes. Les travaux sur l’éthique de l’environnement[7] sont nombreux et fort bien documentés. Nous ne les avons pas encore utilisés. Il est plus que temps.
Il est indispensable de repenser le lien entre urbanisme et gouvernance[8]. Alors que depuis les années 80, l’urbanisme quitte les sphères parisiennes et se décentralise, la doctrine de la SFU reste marquée par le rôle de « l’urbaniste omniscient, qui pense et dessine la ville et le territoire à lui tout seul ». La prise en compte de la démocratie locale dans la fabrique de la ville et des territoires est devenue un enjeu dans cette même période. L’architecte-urbaniste spécialiste fait place à une démarche d’ingénierie plus complexe, qui associe à la fois des compétences de spécialiste, d’ensemblier et d’animateur[9]. La SFU n’a pas su pour l’instant intégrer cette évolution majeure dans son éthique professionnelle.

L’hybridation processus inconnu à la SFU
L’hybridation est la marque de fabrique des interventions sur la ville contemporaines. Les pratiques d’intervention sur la ville ont connu depuis quelques années des évolutions notoires et comme le souligne à juste titre François ASCHER, l’urbaniste n’est plus seul maître à bord. Il convient d’adapter notre éthique au fait que les interventions urbaines, les pratiques professionnelles relèvent désormais d’une responsabilité partagée. De surcroît, les interventions urbaines ne sont plus l’exclusivité des architectes-urbanistes ou des urbanistes et relèvent désormais de métiers multiples (artistes, géographes, ingénieurs, médecins, psychologues, sociologues). On peut être urbaniste et …, mais on peut aussi agir sur la ville sans être urbaniste. La chimère de l’ordre des urbanistes ou de l’association des qualifiés, même si elle est seulement portée par quelques-uns crée néanmoins un trouble dans la profession.
De ce point de vue, la question de la pertinence même de la qualification, forme de numerus clausus inaboutie, doit être posée. D’ailleurs pourra-t-on encore dans 10 ans identifier des parcours purs de formation d’urbaniste, alors que la réforme LMD met en place des parcours de formation individualisés ? C’est un combat d’arrière garde, mais l’échec patent du processus de qualification pourrait susciter des démarches protectionnistes, alors que l’ouverture et l’hybridation font déjà leur œuvre.
Pour refonder cette éthique, il faudra bel et bien engager une action en profondeur. Développement durable et nouveaux modes de gouvernance viennent bouleverser les politiques publiques territoriales et urbaines, tant dans leurs finalités que dans leur mode de conception et dans leur mise en œuvre. La SFU a-t-elle les moyens, la volonté collective de prendre en compte cette mutation fondamentale ? Les années passées tendent pour l’instant à démontrer que le recours à l’éthique ancestrale fait office de paravent et qu’une réelle paresse intellectuelle s’est emparée de la vieille dame.


2.       LES ACTIONS ET L’ORGANISATION DE LA SFU REPOSENT SUR UNE POSTURE DE L’URBANISTE SAVANT DEPASSEE 
Essayons de cerner en quoi a consisté l’action concrète et l’organisation de la SFU depuis une vingtaine d’années. Après avoir compté plus de 800 membres à une époque où les urbanistes étaient nettement moins nombreux, elle repose désormais sur 150 membres seulement. La SFU a peut-être initié, en tout cas soutenu, toutes sortes d’initiatives qui ont progressivement émietté l’organisation des urbanistes en France : une association des urbanistes du secteur public, un office de qualification qui pour voir le jour devait reposer sur un ensemble de familles d’urbanistes dont nombre d’entre elles sont des pures fictions. Elle se gausse d’un urbanisme daté avec pour seul objectif de rejeter à tout prix l’intégration dans le CFDU.
Comment expliquer ceci ? Probablement par des erreurs dans les orientations et des maladresses personnelles. Mais peut-on se satisfaire d’analyses aussi superficielles ? Comment y voir clair dans cet enchevêtrement et ce démantèlement progressif ?
Il faut simplifier le propos et éviter la narration au fil des ans et des micro-événements de la société SFU. Pour comprendre cette déconstruction constante, progressive et apparemment inéluctable, on pourrait avancer un quadruple refus:
1.   Le refus de choisir entre société savante et organisation représentative,
2.   Le refus de rompre la filiation avec le corps des architectes-urbanistes libéraux, et de donner leur place aux autres formes d’exercice,
3.   Le refus de la démocratie interne, au profit d’un fonctionnement « top down ».
4.   La persistance du « mythe de l’urbaniste savant ».

1.   Le refus de choisir entre société savante et organisation représentative
La société savante s’accommode fort bien d’un fonctionnement relativement confidentiel. Il y a bien un site Internet, mais les travaux sont inaccessibles dès lors qu’on n’est pas membre. Il y a bien sûr des rencontres annuelles, la journée mondiale de l’urbanisme, mais son impact médiatique est nul, et certaines années, lors d’organisation des JMU à l’étranger ou en Outre Mer, la délégation de membres qui y participe est beaucoup trop restreinte. La vie interne se limite aux CA et au bureau. Les associations régionales n’ont de vie propre que dans une seule région. La société savante ne sert que de référence virtuelle, car les groupes de réflexion ne fonctionnent plus depuis des années.
En somme, la SFU à force de ne pas vouloir choisir, n’est plus ni une société savante, ni un mouvement représentatif. Elle peut continuer ce ni-ni, mais dans ce cas, sa disparition sera certainement rapide, très rapide.

2.   Le refus de rompre la filiation avec le corps des architectes-urbanistes libéraux, et de donner leur place aux autres formes d’exercice
La question de la cotisation et de l’usage du local sont tout à fait symptomatiques. La cotisation unique oscille autour de 150-160€, alors que la plupart des associations professionnelles pratiquent une cotisation de 30€. Malgré des tentatives réitérées de débat au sein du CA, l’évocation de cette question reste impossible. On voit pourtant là un écueil majeur à l’adhésion de salariés aux revenus moyens, quelque soit leur milieu d’exercice. Notons que malgré l’affichage - la SFU se dit représentative de tous les modes d’exercice - le bureau et le CA, en dehors d’urbanistes juniors intégrés en 2010, se voit pour l’essentiel composés d’urbanistes libéraux et d’une forte proportion d’architectes-urbanistes.
L’écart entre le propos officiel, la SFU au service de tous les urbanistes, et la représentation réelle, la part du lion pour les urbanistes libéraux, est abyssal…. Au service de tous, mais plus de certains !

3.   Le déni de la démocratie interne, au profit d’un fonctionnement pyramidal
La notion de débat interne est pour l’instant totalement inconnue à la SFU. Sans cesse annoncée, toujours repoussée dans un coin, un coin de bureau, un coin de site Internet, un coin au téléphone avec le président. Il ne peut pas y avoir de réel débat. Il n’y a que les discours présidentiels qui se substituent au débat. Au mieux, le débat existe au sein du bureau, même si sa teneur ne parvient pas aux membres.
Ces démarches « top down » ont éloigné de nombreux membres, qui ont déchanté au fil des one man shows. On ne peut plus être crédible en pratiquant à ce point le grand écart entre aspirations et pratiques professionnelles contemporaines et omniscience d’un autre âge. 

4.   La persistance du « mythe de l’urbaniste savant ».
Alors que l’éthique du développement durable gagne du terrain, alors que les thèses des CIAM sont battues en brèche, la SFU s’enferme. Elle n’est manifestement pas encore en mesure de passer le cap qui lui permettrait de rentrer de plain pied dans la modernité de la fabrique des villes et des territoires. Elle s’arc-boute pour vénérer le mythe de l’urbaniste savant, qui pense et qui dessine la ville à lui tout seul. Si on accepte cette analyse, on comprend mieux dès lors, pourquoi elle :
-  Reste incapable de choisir entre société savante et organisation représentative, n’ayant au fond pas besoin de réfléchir sur des pratiques professionnelles émergentes,
-  S’arc-boute sur la filiation avec les architectes-urbanistes, figures de ce mythe de l’urbaniste savant et omniscient,
-  Bloque l’échange et le débat interne, dès lors que les thématiques qu’elle devrait prendre en compte, l’obligerait à ouvrir les yeux sur le présent.
Cet urbanisme-là n’a pas d’avenir. Deux questions se posent désormais à nous :
-  La SFU a-t-elle une autre ambition que de continuer à vénérer ce mythe ?
-  La SFU, si elle souhaite sortir de ce « culte », est-elle en mesure de mener à bien cette mutation ou n’est-il pas plus pertinent de procéder à cette refondation dans un autre cadre ?



4.       une refondation QUI doit prendre en compte le bouleversement dans le mode de faire la ville et les territoires.
L’avenir de la SFU est très incertain. Le scénario au fil de l’an, le plus probable, est celui d’une disparition à moyen terme. Car n’ayant pas su s’adapter aux évolutions de l’ingénierie urbaine et des territoires, aux mutations des pratiques professionnelles qui intègrent les exigences du développement durable et de la gouvernance, la SFU ne représentera plus ni une éthique contemporaine, ni une référence crédible pour des professionnels. Sauf à devenir rapidement « un urbanisme des catacombes ». Il n’est pas certain, loin s’en faut, du fait de pesanteurs accumulées, et de ce point de vue les dernières années pèsent lourd dans le bilan, qu’une mutation, même profonde, permette à la SFU d’incarner une éthique pertinente et une référence attractive pour les praticiens de la ville et des territoires. Admettons, pour que le propos puisse poursuivre son déroulement, que cette mutation soit possible et portée par les membres actuels. Que faudrait-il alors entreprendre ?
D’abord un certain nombre d’actes symboliques, et bien au-delà de la timide modification des statuts du 18 janvier 2011. Il s’agit de « démolir le mur de Berlin de l’urbaniste omniscient », pas de passer l’aspirateur dans son atelier !

Les 10 mesures phares :

1.     Adosser la SFU à la nouvelle éthique environnementale qui se substituera à la référence culturaliste désormais inopérante.
2.     Reconnaître l’hybridation professionnelle comme un atout et assurer une réelle égalité entre tous les membres qui fabriquent la ville et les territoires, et ce quelque soit leur formation d’origine et leur forme d’exercice.
3.     Passer du statut de société savante, devenu totalement caduque,  à celui de think tank ou laboratoire d’idées, ouvert sur les différents courants de pensée et apte à réfléchir sur les nouveaux modes d’exercice de la fabrication de la ville et des territoires.
4.     Coopérer de façon constructive avec les associations représentatives de la profession que sont le collectif national des jeunes urbanistes, et prochainement le Conseil français des Urbanistes, qui va rassembler tous les professionnels de la fabrique de la ville et des territoires.
5.     Etre une force de proposition pour remettre en perspective et adapter la qualification professionnelle aux modes d’exercice actuels et futurs.
6.     Tourner le dos aux pratiques malthusiennes en matière d’enseignement supérieur et prendre pleinement en compte les avancées de la réforme européenne de l’enseignement supérieur européen.
7.     Refuser toute forme de protectionnisme professionnel, tel qu’un ordre ou une association de représentation restrictive.
8.     Soutenir le développement des échanges professionnels et universitaires européens de façon à développer une culture européenne partagée de la fabrique de la ville et des territoires.
9.     Veiller à la défense et à la promotion des salariés du secteur public, para public ou privé qui interviennent dans le domaine de la fabrique de la ville et des territoires.
10.  Mettre l’organisation de la SFU en conformité avec celle d’une association démocratique.


[1] L’éthique est une discipline philosophique pratique (action) et normative (règles) dans un milieu naturel et humain. Elle se donne pour but d'indiquer comment les êtres humains doivent se comporter, agir et être, entre eux et envers ce qui les entoure.
[2] Le Musée social joua aussi un rôle prépondérant dans la naissance de l'urbanisme et l'élaboration des premières lois d'urbanisme après la seconde guerre mondiale, les lois Cornudet de 1919 et 1924.  C'est aussi à partir du Musée social que fut introduit en France le modèle des Cités-jardins inventé et réalisé par Ebenezer Howard. Les membres du Musée social furent aussi à l'initiative de la création de la S.F.U. (société française des urbanistes) en 1911 et dont le premier fut rue Las Cases.
[3] Principal théoricien de l'urbanisme dit « culturaliste ». Très concerné par les questions sociales dans la ville, surtout après la guerre, il multiplie les mises en garde contre les dangers du modernisme et l'aliénation qui en résulte pour les habitants ; notamment celles erreurs officiels dans le domaine du ruralisme ou de l'urbanisme des grands ensembles, critiquant l'urbanisme fonctionnaliste... Il s'oppose particulièrement à Le Corbusier. Mais privé de pouvoir institutionnel, il n'a pas l'influence nécessaire et se trouve peu à peu marginalisé. Il a fallu attendre 1970 pour qu'une circulaire interdise les barres et les tours dans les villes petites et moyennes et mars 1973 pour arrêter la construction d'ensemble de plus de 500 logements.
[4] EXTRAIT SITE SFU : la version finale de la Nouvelle Charte d'Athènes de 2003, publiée par le CEU/ECTP, propose une vision partagée sur le futur des villes européennes. Elle dresse un bilan critique des propositions rédigées par Le Corbusier en 1943 et dégage des pistes de réflexion sur ce qui pouvait faire l'objet de débats de fond sur l'aménagement et l'Urbanisme.
[5] EXTRAIT SITE SFU : Le 10 Mars 1914 la Société Française des Architectes Urbanistes est enregistrée au Bureau des Associations de la Préfecture de Police. L'association a pour objet de "réunir une documentation technique, de nouer et d'entretenir des relations avec les groupements similaires à l'étranger, de centraliser les vœux émis dans les derniers congrès urbains et d'en étudier la réalisation pratique, de participer aux expositions qui auront lieu tant en France qu'à l'étranger, de se tenir à disposition des intéressés pour toute consultation." En 1919, devenue SFU, elle concourt activement à la promulgation de la Loi "Cornudet". Parallèlement, elle organise des conférences et des concours comme la "Conférence Interalliée d'Urbanisme" à Paris et le concours de plans pour la "Reconstruction d'une petite ville dévastée".
[6] SITE SFU : Office Professionnel de Qualification des Urbanistes (OPQU) :
Le 3 Avril 1998, est signé, au Siège de la SFU, l'acte de constitution de l'OPQU, Office Professionnel de Qualification des Urbanistes. Il est constitué par 7 Associations nationales en urbanisme et organisations professionnelles nationales d'urbanistes (dont le CFDU et la SFU, ainsi que la FNAU, la FN PACT-ARIM, la FN CAUE, l'AUDE, l'APUCT), avec le soutien de l'État (Siège à son Conseil, un Commissaire du Gouvernement) et de l'Association des Maires de France. C'est un office (et non une organisation professionnelle de plus), pour qualifier les urbanistes.
[7] Traduites par l’éthique environnementale et associées aux trois piliers du développement durable les nombreuses études d’évaluation des impacts environnementaux servent à une compréhension et à l'orientation d'activités humaines. Non seulement dans les pays développés, mais aussi dans les pays en développement, les traditionnels modèles de fonctionnement locaux évoluent vers une perception éthique et globalisée de l'environnement. C'est dans une perspective d'adaptation que les activités industrielles et culturelles polluantes reconnaissent l'éthique de l'environnement. Ainsi, dans son contexte civil et sociétal, la compréhension des enjeux de la mondialisation est employée pour expliquer et identifier les activités humaines éthiques avec l’environnement biophysique.
[8]« Le terme de gouvernance sert à désigner avant tout des processus où la décision est décentrée vers la multiplication des lieux et des acteurs qui sont concernés. La gouvernance urbaine se traduit par de nouveaux types de partenariats, de réseaux plus flexibles, moins hiérarchiques, entre institutions et acteurs de la société civile. »
In P. SIMARD, Agence urbanisme agglomération lyonnaise, Evolution des métiers de l’urbanisme, un enjeu pour penser la ville autrement. A paraître
[9] In P. SIMARD, Agence urbanisme agglomération lyonnaise, Evolution des métiers de l’urbanisme, un enjeu pour penser la ville autrement. A paraître

1 commentaire:

  1. Merci pour le partage des informations utiles telles ... Je pense que c'est vraiment un poste très agréable. Merci pour l'excellent contenu

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